Un consortium de journalistes, coordonné par l'
organisation non-gouvernementale Forbidden Stories avec l'appui technique d'
Amnesty Tech,
a révélé une liste de 50000 numéros de téléphone parmi lesquels figurent ceux de personnalités politiques, militants des droits humains
et journalistes. Un nombre difficile à estimer de ces personnalités pourrait
avoir été mis sur écoute par des services de renseignement à l'aide du
logiciel espion Pegasus, commercialisé par l'entreprise israélienne NSO.
Jean-Marc Manach rappelle que contrairement aux pratiques
dévoilées par Edward Snowden en 2013 qui consistaient en l'interception massive des
échanges pendant leur transit, ces écoutes reposent sur l'exploitation de failles dites
zero day
(non encore découvertes et réparées) sur les terminaux de cibles
désignées. Cette méthode permet de contourner le chiffrement des
échanges largement déployé depuis les révélations de Snowden. Si les
faits sont avérés, cette nouvelle affaire constituerait une atteinte
supplémentaire au travail de la société civile et des journalistes, au
même titre que la multiplication des SLAPP (
Strategic lawsuits against public participation)
ou “procédures bâillons”,
comme le signale la Revue des Médias. Ces
procès à répétition sont utilisées par des lobbies et des grandes firmes à des
fins d'intimidation et de pression financière sur leurs adversaires,
journalistes et militants associatifs en tête. L'article égrène de
nombreux cas récents, comme celui de Daphné Caruana Galizia, journaliste
maltaise assassinée en 2017 alors qu'elle enquêtait sur des faits de
corruption et poursuivie dans quarante-sept affaires au moment de sa
mort. En France, la REM rapporte la prédilection des filiales du groupe
Bolloré pour les SLAPP, ou encore les cas des journalistes Inès Léraud et
Morgan Large, qui enquêtent depuis de nombreuses années sur le secteur
de l'agroalimentaire en Bretagne et sont de ce fait les cibles de procès
et malveillances à répétition.
Lire la suite de Entrée #19 - 13.08.21
Lire la suite de Entrée #16 - 26.04.21
Le 11 mars dernier, l'anniversaire de la catastrophe de Fukushima, survenue il y a dix ans, a rappelé à l'opinion publique l'existence d'une controverse sur les conséquences sanitaires et environnementales de l'exploitation de l'énergie nucléaire. Ce thème fort du débat public des années 1990 est aujourd'hui éclairé par de nouvelles données et analyses : la gestion de l'accident de Fukushima a suscité de nombreuses études et commentaires, tandis que les demandes toujours plus pressantes de justice des victimes des essais nucléaires français ont permis de requestionner les études officielles à la lumière d'expertises nouvelles et de documents déclassifiés.
Lire la suite de Notes sur la pollution radioactive
L'Etat d'urgence, mis en place en France en 2015 suite à des actes de terrorisme puis reconduit en raison de l'épidémie de Covid-19, a servi de prétexte à une numérisation à marche forcée de pans entiers de la société, et en particulier à la généralisation de moyens de surveillance automatisés. Telle est l'observation faite par Hubert Guillaud
dans un article publié à la mi-mars, où l'auteur alerte sur les conséquences de cette dynamique : dissolution des collectifs et de la démocratie, dérives de l'État de droit qui tend à sanctionner les intentions, les comportements et les signaux plus que les actes et développement d'une
"société de la vigilance", selon l'expression de la chercheuse Vanessa Codaccioni. Face à ces menaces,
le projet collectif Technopolice, coordonné par la Quadrature du Net, propose d'utiliser la cartographie collaborative pour
"documenter et (...) résister aux déploiements de nouvelles technologies policières." Une initiative comparable à l'Atlas of surveillance mis en œuvre par l'Electronic Frontier Fondation (EFF), qui montre la généralisation de la surveillance automatique aux États-Unis, en particulier sur les campus universitaires. Mais la cartographie collaborative peut également servir des desseins opposés, comme le signale le blog Cartographie(s) numérique(s) à propos de l'initiative Dorozoku au Japon, qui propose de cartographier les rues bruyantes. Le projet a ainsi pris la forme d'un moyen de dénonciation à l'encontre des enfants bruyants et des utilisations ludiques des espaces publics. Une auto-surveillance de la population qui rappelle l'initiative "Voisins vigilants" en France, tournée en dérision par Geoffrey Dorne et sa proposition de visuels
"Voisins Bienveillants" sur son blog Graphisme & Interactivité. Le même blog Cartographie(s) numérique(s)
faisait état deux jours plus tard de l'influence
grandissante des multinationales du numérique sur les outils libres comme OpenStreetMap, dans lesquels elles investissent de plus
en plus et dont elles tirent bénéfice des données, dégradant de ce fait leur portée émancipatrice.
Lire la suite de Entrée #15 - 27.03.21
Dans un communiqué du 7 décembre
relayé par l'Observatoire des armements, le Stockholm
International Peace Research Institute (SIPRI) note la bonne santé
économique du secteur de l’armement, avec une augmentation de 8,5% des
ventes d'armes des 25 plus grandes entreprises mondiales entre 2018 et
2020. Un résultat atteint en grande partie grâce aux exportations. C'est
notamment le cas de Dassault Aviation, qui a connu une augmentation des
ventes de 105% sur la période. Un
rapport parlementaire rendu public fin novembre préconise de son côté le renforcement du contrôle de l'Assemblée sur
les exportations d'armes. Jean-Marc Manach
rapporte pour Next INpact le
cas particulier des "biens et technologies à double usage" civil et militaire, tels que les outils de surveillance réseau, les drones civils ou la reconnaissance faciale.
S'appuyant sur le rapport, il passe en revue les enjeux autour du
contrôle de leur commerce : difficulté du consensus international dans
le cadre de l'
Arrangement de Wassemaar, absence de contrôle de
l'utilisation finale des technologies vendues par la France, manque de
transparence des transactions... Le journaliste note enfin que les rapporteurs laissent la porte ouverte à une facilitation de ces exportations. Bien que les technologies de
surveillance ne soient pas un marché aussi important que l'armement
traditionnel, le rapport les présente comme une filière nationale stratégique. Leur commerce permettrait d'amortir le coût de leur développement, en plus de procurer d'autres avantages, comme la mise en place d'accords de renseignement et la réalisation de ventes périphériques.
Lire la suite de Entrée #013 - 29.12.20