Les réseaux informatiques sont devenus la colonne vertébrale de nombreux
secteurs d'activité dont le bon fonctionnement repose sur la collecte,
le traitement et le partage de l'information qui y transite. C'est vrai
pour les secteurs marchand et financier, les médias, les services publics et l'administration.
Ils sont aussi devenus un canal majeur de construction des rapports
sociaux communautaires (groupes d'intérêt, de pratique,
connaissances au second degré, réseautage, médias participatifs...), qui viennent enrichir une forme de socialisation plus traditionnelle fondée sur la
proximité géographique et le lien familial. L'appropriation d'un tel espace d'échanges par ses utilisateurs nécessite un certain degré de confiance. En fait, celui-ci dépend du positionnement politique de multiples organisations, publiques et
privées, qui gèrent l'infrastructure matérielle et logicielle des
réseaux à une échelle transnationale, et donc de leur collaboration en bonne intelligence. Une gageure en temps de guerre, comme le montre le cas de la guerre russo-ukrainienne, qui offre une démonstration, inédite par son ampleur, de déstabilisation massive de ces réseaux.
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Les manifestations
se sont multipliées tout au long du mois d’août au Honduras contre l'établissement de Zones d'emploi et de développement économique (Zonas de empleo y desarrollo éconómico, ZEDE). Inscrite dans la loi en 2013
après un coup de force législatif de l'actuel président Juan Orlando Hernández avec l'appui de milieux d'affaires américains, leur création doit permettre d'attirer des investisseurs étrangers et des activités industrielles par l'établissement,
dans de vastes régions du pays, d'une fiscalité plus faible qu'ailleurs, d'un accès à une main d’œuvre nombreuse et bon marché et de normes sociales et environnementales assouplies. En outre, la loi prévoit de confier la gestion des moyens de police, de justice et de détention à l'administration privée de chaque zone. Cette dernière dispose enfin de facilités d'accès au foncier par l'expropriation afin de simplifier l'installation des activités de production. Leurs détracteurs les considèrent comme les héritières des enclaves bananières (comme celles de la
célèbre United Fruit Company) et dénoncent une forme de néocolonialisme ultralibéral. Leurs craintes portent en particulier sur la perte de souveraineté du peuple sur une large portion du territoire national et sur le risque de voir ces enclaves devenir des refuges pour les narcotrafiquants et les hauts fonctionnaires poursuivis par la justice, dans un pays à la corruption endémique. L'ONU
a exprimé en juin dernier sa préoccupation vis-à-vis du risque d'atteintes aux droits de l'homme au sein de ces ZEDE. Pour autant, le journaliste Marcel Barang rappelait dans un article paru en janvier 1981
dans le Monde Diplomatique que le modèle des zones franches, dont les ZEDE sont le dernier développement, avait largement bénéficié à cette époque du soutien de l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (ONUDI), dans l'optique d'industrialiser les pays en développement dépendants des exportations de produits de base.
"Plus généralement", ajoutait t-il,
"les organismes internationaux tels que la Banque mondiale ont fait leur la stratégie d’"industrialisation orientée vers l’exportation"
qui sous-tend la prolifération des zones franches ; ils exercent de fortes pressions sur les pays récipiendaires de leur aide pour les intégrer dans ce projet global."
Lire la suite de Entrée #20 - 15.09.21
Le 3 juin dernier, une panne des numéros d'urgence chez l'opérateur Orange
a touché de nombreuses régions en France. L'ingénieur en télécommunications Hervé Debar
explique dans The Conversation
que les communications d'urgence reposent à la fois sur le réseau
téléphonique commuté (RTC), l'infrastructure historique basée sur des
connexions cuivre actuellement en cours d'abandon, et sur la voix sur IP
(VoIP), réseau basé sur la fibre optique et les technologies de
l'internet. Lors d'un appel, du matériel et des logiciels propres aux
deux technologies, dont l'interopérabilité doit être garantie, sont
ainsi mobilisées, afin d'interpréter le numéro court et le convertir,
localiser l'appel, le transférer au centre d'urgence le plus proche et
l'acheminer sur l'un ou l'autre des réseaux. Si l'ingénieur pointe la
complexité d'une telle infrastructure et avance l'hypothèse d'une panne
logicielle pour expliquer son ampleur, la Confédération Générale du
Travail des activités postales et de télécommunications (FAPT-CGT)
y voit de son côté
la conséquence prévisible du
“sous-investissement chronique dans les
réseaux et notamment le réseau RTC”, très coûteux à entretenir, d'
“[u]ne
politique de l’emploi mortifère et des pertes de savoir-faire”,
“[d]es
économies et des exigences de délais qui interdisent de tester en amont
ces évolutions” et du
“transfert massif d’activités vers les
constructeurs et vers la sous-traitance offshore”.
Trois jours plus tard,
ce sont les locaux d'Orange Centrafrique qui sont partis en fumée,
privant les abonnés de téléphone et d'internet pour une durée
indéterminée.
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Dans un communiqué du 7 décembre
relayé par l'Observatoire des armements, le Stockholm
International Peace Research Institute (SIPRI) note la bonne santé
économique du secteur de l’armement, avec une augmentation de 8,5% des
ventes d'armes des 25 plus grandes entreprises mondiales entre 2018 et
2020. Un résultat atteint en grande partie grâce aux exportations. C'est
notamment le cas de Dassault Aviation, qui a connu une augmentation des
ventes de 105% sur la période. Un
rapport parlementaire rendu public fin novembre préconise de son côté le renforcement du contrôle de l'Assemblée sur
les exportations d'armes. Jean-Marc Manach
rapporte pour Next INpact le
cas particulier des "biens et technologies à double usage" civil et militaire, tels que les outils de surveillance réseau, les drones civils ou la reconnaissance faciale.
S'appuyant sur le rapport, il passe en revue les enjeux autour du
contrôle de leur commerce : difficulté du consensus international dans
le cadre de l'
Arrangement de Wassemaar, absence de contrôle de
l'utilisation finale des technologies vendues par la France, manque de
transparence des transactions... Le journaliste note enfin que les rapporteurs laissent la porte ouverte à une facilitation de ces exportations. Bien que les technologies de
surveillance ne soient pas un marché aussi important que l'armement
traditionnel, le rapport les présente comme une filière nationale stratégique. Leur commerce permettrait d'amortir le coût de leur développement, en plus de procurer d'autres avantages, comme la mise en place d'accords de renseignement et la réalisation de ventes périphériques.
Lire la suite de Entrée #013 - 29.12.20