Entrée #013 - 29.12.20
Rédigé par roi_matou
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Dans un communiqué du 7 décembre relayé par l'Observatoire des armements, le Stockholm
International Peace Research Institute (SIPRI) note la bonne santé
économique du secteur de l’armement, avec une augmentation de 8,5% des
ventes d'armes des 25 plus grandes entreprises mondiales entre 2018 et
2020. Un résultat atteint en grande partie grâce aux exportations. C'est
notamment le cas de Dassault Aviation, qui a connu une augmentation des
ventes de 105% sur la période. Un rapport parlementaire rendu public fin novembre préconise de son côté le renforcement du contrôle de l'Assemblée sur
les exportations d'armes. Jean-Marc Manach rapporte pour Next INpact le
cas particulier des "biens et technologies à double usage" civil et militaire, tels que les outils de surveillance réseau, les drones civils ou la reconnaissance faciale.
S'appuyant sur le rapport, il passe en revue les enjeux autour du
contrôle de leur commerce : difficulté du consensus international dans
le cadre de l'Arrangement de Wassemaar, absence de contrôle de
l'utilisation finale des technologies vendues par la France, manque de
transparence des transactions... Le journaliste note enfin que les rapporteurs laissent la porte ouverte à une facilitation de ces exportations. Bien que les technologies de
surveillance ne soient pas un marché aussi important que l'armement
traditionnel, le rapport les présente comme une filière nationale stratégique. Leur commerce permettrait d'amortir le coût de leur développement, en plus de procurer d'autres avantages, comme la mise en place d'accords de renseignement et la réalisation de ventes périphériques.
À l’occasion de l'initiative International Day Against DRM, l'association Framasoft revient sur la notion de droit d'auteur et sur les limitations imposées par les outils de Digital Right Management (DRM, gestion des droits numériques). Ces "verrous numériques" constituent un moyen technique pour garantir le respect du droit d'auteur des œuvres diffusées sur le web. L'article rappelle que le droit d'auteur vise essentiellement à “garantir un retour sur investissement à des sociétés” et à “sécuriser la filière de captation industrielle de la valeur”, plutôt qu'a rémunérer les auteurs, qui bien souvent ne sont pas eux-mêmes les ayants droits (gestion confiée à des sociétés, descendants...). Cette législation favoriserait le modèle économique des grandes plateformes (comme Netflix, qui s’accapare 50% du marche européen), seules à pouvoir s'offrir les droits de diffusion des créations protégées par le droit d'auteur. Pour l'association, ce modèle qui “renforce sa propre vision du monde”, conduirait inexorablement à l'appauvrissement de la diversité culturelle. Dans le même temps, Next INpact fait état des débats juridiques autour de la censure des contenus contrefaits, un autre moyen déployé pour protéger le droit d'auteur. Un mécanisme difficile à mettre en œuvre, qui risque soit d'être appliqué préventivement et trop largement sous la responsabilité des plateformes soit d'être inefficace.
Dans le sillage de la sortie du livre de Martine Storti Pour un féminisme universel, Alain Policar livre dans The Conversation une critique de la notion d'intersectionnalité. Cette approche, qui analyse les rapports sociaux de domination à travers le prisme des "influences réciproques de la race, du genre et de la classe", tend à focaliser son intérêt sur des identités exclusives et statiques, au détriment selon le chercheur des processus dynamiques communs à l'origine de ces catégories identitaires. Selon l'approche matérialiste dont il défend l'intérêt, les rapports sociaux sont compris comme des rapports de production et d'exploitation, soit un rapport de force entre deux classes aux intérêts antagonistes : les détenteurs de la force de travail et les détenteurs du capital. La multiplicité des formes de domination (le patriarcat, le colonialisme, le capitalisme...) ne seraient que des modalités différentes et cumulatives de ce rapport de force, mais dont la dynamique historique serait commune et tendrait vers l'émancipation des exploités. Un propos illustré par l'exemple dans un billet de l'Observatoire des inégalités signé par Martine Storti.
Dans le sillage de la sortie du livre de Martine Storti Pour un féminisme universel, Alain Policar livre dans The Conversation une critique de la notion d'intersectionnalité. Cette approche, qui analyse les rapports sociaux de domination à travers le prisme des "influences réciproques de la race, du genre et de la classe", tend à focaliser son intérêt sur des identités exclusives et statiques, au détriment selon le chercheur des processus dynamiques communs à l'origine de ces catégories identitaires. Selon l'approche matérialiste dont il défend l'intérêt, les rapports sociaux sont compris comme des rapports de production et d'exploitation, soit un rapport de force entre deux classes aux intérêts antagonistes : les détenteurs de la force de travail et les détenteurs du capital. La multiplicité des formes de domination (le patriarcat, le colonialisme, le capitalisme...) ne seraient que des modalités différentes et cumulatives de ce rapport de force, mais dont la dynamique historique serait commune et tendrait vers l'émancipation des exploités. Un propos illustré par l'exemple dans un billet de l'Observatoire des inégalités signé par Martine Storti.
Mise à jour du 04.01.21 : la parution d'un article
signé Stéphane Beaud et Gérard Noiriel dans le Monde Diplomatique de
janvier 2021, qui partagent sensiblement les mêmes critiques qu'Alain
Policar, a suscité de vifs débats. Cet autre article,
paru dans la revue Mouvements en 2019, en est le contrepoint. Les
auteures y déplorent le fait "de présenter comme plus soucieuse d’égalité une
posture de surplomb qui tente de rendre légitime une politique
d’ignorance des privilèges de celui qui l’énonce et invisibles des
expériences minoritaires dans leur pluralité et leur complexité. (...) Nous refusons un discours qui sous couvert de scientificité et
d’universalité est en fait celui de privilégiés qui voient dans la
montée d’autres formes de problématisation du social une menace pour
leur position scientifique et académique".
Échos de la mondialisation
"Nous n’avons plus le luxe, si tant est que nous l’ayons jamais eu, d’aborder les problèmes comme des sujets isolés et quasi indépendants dans des sphères sociales et écologiques distinctes. Nous devons plutôt les voir comme les nœuds d’un réseau socioécologique interdépendant dont tous les voyants d’alarme clignotent en rouge. La résilience du système a été considérée comme allant de soi (...). L’effet homogénéisateur de nos modèles de production et de consommation prédominants, qui ont soudé le monde, a miné la diversité – sous toutes ses formes, de la diversité biologique à la diversité culturelle – si essentielle à la résilience." Rapport sur le Développement Humain 2020, Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD)